Un beau jour, il arrive en tremblant. Il veut bien écrire mais il sait qu’il va se tromper. Qu’importe lui dis-je puisqu’il a des pensées dans sa tête qu’on peut écrire et partager.
Il prend son courage à deux mains et se lance à écrire quelques mots en association un pas après l’autre. Voilà qu’arrive un drôle de mot « la maidresse ». Je lui lis le mot et lui dis « alors cette maîtresse, elle dresse ? » un silence s’en suit, il me regarde un temps les yeux grand-ouverts, puis d’un coup, son rire explose, enfle, nous pleurons de rire sans pouvoir nous arrêter. Chaque fois que nous nous regardons cela repart. Petit à petit le calme revient.
Quel bien cela fait de rire n’est ce pas lui dis-je.
Et en mon for intérieur je me dis : « qui de nous deux a reçu le plus beau cadeau ? »
A partir du moment où la forme du mot cesse de prendre toute la place en nous et que nous nous laissons traverser par le sens de ce qui vient d’être écrit, peuvent s’opérer des « miracles » de cet ordre. Entre cet enfant et moi peu de choses sont dites et pourtant tout est là dans l’instant de ce partage complice et si humain. Rien n’a besoin de se nommer de plus, cela n’aurait été à mon sens que de la surenchère.
Eliane PIGUET, orthophoniste, formatrice Itecc
Villefranche le 09/07/2011